Happy Birthday to Me

happy_birthday_souhaitez_ne_jamais_etre_inviteFilm d’horreur canadien (1981) de J. Lee Thompson, avec Melissa Sue Anderson, Glenn Ford, Lawrence Dane, Sharon Acker, Tracey Bregman, Jack Blum, Matt Craven, Leonore Zann et Frances Hyland – 1h51

Après un accident traumatisant qui a coûté la vie de sa mère, Virginia Wainwright rejoint la prestigieuse Crawford Academy et traîne avec le top ten des élèves les plus doués. Jusqu’à ce que ceux-ci disparaissent mystérieusement les uns après les autres…

Attention, cette bafouille contient des spoilers ! Merci de votre compréhension.

A l’aube des années 80, les canadiens John Dunning et Andre Link, producteurs des premiers films de David Cronenberg, se font une spécialité des slashers qui avaient alors le vent en poupe. Après les succès de Halloween et Black Christmas, ils se rendent compte que ça marche encore mieux quand le tueur vient troubler une fête traditionnelle et ils produisent coup sur coup Meurtres à la Saint-Valentin et Happy Birthday to Me (je vous épargne le ridicule titre français : Happy Birthday, souhaitez ne jamais être invité). Pour préparer l’anniversaire, ils commandent un scénario à John C.W. Saxton, plus tard largement remanié par Timothy Bond et Peter Jobin. A la réalisation, ils engagent le vétéran J. Lee Thompson (Les Canons de Navarone) juste avant sa fin de carrière chez la Cannon. Devant sa caméra, il y a Glenn Ford, lui aussi en fin de carrière et début d’alcoolisme, et surtout Melissa Sue Anderson, jeune star de La Petite Maison dans la prairie. Un choix de casting qui s’avérera finalement problématique car les producteurs voudraient éviter de donner un rôle négatif à la jeune femme et le tournage de Happy Birthday to Me commence avec un scénario dont la fin est destinée à être changée pour garder Anderson dans un simple rôle de victime.

Ce script malléable se devine aisément dans le produit fini, mais commençons par les points positifs. En bon vétéran de la mise en scène, J. Lee Thompson s’amuse avec le genre (il paraît d’ailleurs qu’il s’éclatait à déverser du faux sang partout sur le plateau) et avec le suspens des séquences de meurtre (en même temps, quand on a aussi tourné Les Nerfs à vif…), et ce dès la scène d’ouverture. Après quoi il nous présente ses élèves moqueurs et snobinards de l’école prestigieuse qu’on a déjà très envie de voir se faire trucider un par un. Seul un jeune geek timide (Jack Blum) trouve grâce à nos yeux mais, manque de bol, il figurera le premier sur la liste des suspects, forcément longue puisque le scénario veut s’offrir toutes les possibilités pour son final. Tantôt cible de séquences voyeuristes, tantôt exécutrice de meurtres sanglants, Melissa Sue Anderson se dépatouille pas trop mal de son rôle schizophrène, même si elle ne comprend pas plus que nous où le film veut la conduire.

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Virginia (Melissa Sue Anderson) fête son anniversaire dans une ambiance mortelle.

Car si Happy Birthday to Me atteint une durée exagérée d’1h50, c’est parce que J. Lee Thompson doit jouer les prolongations en attendant qu’une fin ne lui soit livrée par les scénaristes. Du coup, la mécanique pourtant rudimentaire du slasher est sans cesse grippée par le passé nébuleux de l’héroïne, cobaye d’opérations de neurochirurgie (dont Thompson nous offre un aperçu bien gore) à même de préparer le terrain pour un éventuel twist. Et je vous le donne en mille, ce twist, dévoilé dans les dernières minutes d’un récit déjà laborieux, est complètement nul ! En gros, une copine de la pauvre Melissa Sue Anderson se faisait passer pour elle à la faveur de ses pertes de conscience et de ses épisodes amnésiques, trucidant tout le monde en portant un masque hyper-réaliste (on se demande bien comment elle les fabriquait) et en suivant un mobile de vengeance qui n’est même pas le sien mais celui de la défunte mère de l’héroïne. En gros, on comble d’énormes trous du script par des incohérences encore plus énormes, et le public n’y verra que du feu puisque le flic voit son affaire résolue alors qu’il passait dans le coin par hasard ! C’est tout ce qu’ont trouvé les producteurs et scénaristes pour éviter que la gamine de La Petite Maison dans la prairie ne devienne une dangereuse psychopathe. Ils se sont d’ailleurs donnés de la peine pour rien puisque, quelques scènes plus tôt, on la voyait tuer froidement un de ses camarades en lui enfournant sans ciller une brochette barbecue au fond de la gorge ! Pour les producteurs, l’honneur est sauf, mais pour les spectateurs, le film est loupé.

BASTIEN MARIE


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