L’Heure de la sortie

1113296Thriller français (2018) de Sébastien Marnier, avec Laurent Lafitte, Emmanuelle Bercot, Luana Bajrami, Victor Bonnel, Pascal Greggory, Véronique Ruggia, Grégoire Montel et Gringe – 1h44

Pierre Hoffman intègre le prestigieux collège de Saint-Joseph pour remplacer un professeur de français qui s’est défenestré en plein cours, sous les yeux des élèves de 3ème 1, une classe de surdoués. Pierre décèle chez ces élèves une étrange hostilité qui, selon lui, n’est pas due qu’à l’événement tragique et va tenter de percer leur secret…

Si on s’était attendu à ce que Laurent Lafitte serait un amateur d’un cinéma fantastique français… En effet, après une première tentative dans le genre franchement ratée avec K.O., notre cher sociétaire de la Comédie Française est ce mois-ci à l’affiche de non pas un mais deux thrillers français flirtant avec le fantastique ! Il y a d’abord Les Fauves dans lequel l’acteur incarne un écrivain à la Stephen King (c’est ce que dit la bande-annonce, parce que le film on l’a pas vu) et puis cette Heure de la sortie, second film de Sébastien Marnier adapté d’un roman de Christophe Dufossé. Le réalisateur avait ce projet en tête depuis un moment mais, le trouvant trop ambitieux pour un premier film, avait préféré faire ses armes sur Irréprochable (2016), un autre thriller avec Marina Foïs. Et donc maintenant ce simili-Village des damnés où Lafitte joue le prof remplaçant d’une classe de surdoués un peu flippants.

Au début, on y croirait : dans sa première moitié, L’Heure de la sortie est aussi intrigant que le laissait présager son pitch. Laissant poindre une angoisse latente et une légère étrangeté, proche d’un fantastique littéraire (Kafka n’y est pas évoqué pour rien), Sébastien Marnier soigne son exposition, pose son ambiance caniculaire étouffante et a bien choisi sa troupe d’élèves inquiétants, menée par Luana Bajrami et Victor Bonnel. Le réalisateur semble avoir vu les films de Carpenter, à en juger par son joli scope et sa BO confiée à Zombie Zombie. Bon, on notera bien la rigidité des acteurs adultes, semblant ne pas vouloir omettre une seule virgule de leur texte, mais on se dit que si L’Heure de la sortie continue aussi bien sur sa lancée, il n’y a pas de raison pour que ça se détende pas un peu…

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Pierre Hoffman (Laurent Lafitte, qui joue bien de dos aussi) face à ses nouveaux élèves, en gardant bien les fenêtres fermées surtout…

Mais ce serait parler un peu vite car ça ne tarde pas à se gâter, L’Heure de la sortie rappelant ses origines françaises en laissant son argument fantastique se rationaliser pauvrement. Le film profite du fait que son personnage perde pied entre délire et réalité pour laisser le montage faire n’importe quoi. Au départ fascinantes, les séquences de duel entre le prof et ses élèves dans la salle de classe deviennent grotesques. Pour réalimenter le mince suspens, on ressort des trucs aussi usés que des appels anonymes ou un vol d’ordinateur laissé sans suite. Et puis on apprend que le terrible secret des gosses (spoil), c’est qu’ils sont en fait des militants écolos, finalement plus têtes-à-claques que dangereux. Que L’Heure de la sortie veuille faire de l’angoisse écologique son principal thème, passe encore (et ce serait presque réussi dans sa séquence finale), mais c’est évoqué avec une telle vulgarité (les vidéos des gosses compilant des images de catastrophes piochées sur Youtube tranche avec l’élégance qu’on pouvait trouver au reste du métrage) et en s’embarrassant de tant de motifs périphériques (je m’interroge encore sur l’intérêt de faire des gosses des surdoués) qu’on finit par attendre impatiemment que la cloche sonne la récré…

BASTIEN MARIE


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