La Prophétie de l’horloge

5339696The House with a Clock in Its Walls Film fantastique américain (2018) d’Eli Roth, avec Jack Black, Cate Blanchett, Owen Vaccaro, Renée Elise Goldsberry, Lorenza Izzo, Colleen Camp et Kyle MacLachlan – 1h45

Tout juste orphelin, Lewis va vivre dans le manoir de son oncle magicien Jonathan Barnavelt et l’aide à retrouver la maudite horloge que l’ancien occupant a caché dans les murs de la demeure…

Après son peu fameux remake de Death Wish, Eli Roth sort son second film de l’année avec La Prophétie de l’horloge, production fantastique familiale flottant sous bannière Amblin (mais Steven Spielberg n’a rien à voir avec cette production à ma connaissance). Le film est adapté d’un roman de John Bellains de 1973, longtemps livre de chevet du scénariste Eric Kripke, créateur de la série SupernaturalEngageant Jack Black dans le rôle principal, qu’il considère comme le grand acteur comique de notre temps (et il a bien raison !), Eli Roth signe aussi son premier film non classé R. S’il ne faut pas nécessairement y voir un assagissement de la part de l’auteur des Hostel, il ne faut pas non plus s’attendre à un niveau supérieur de ses récents films maladroits.

La bonne nouvelle cependant, c’est que La Prophétie de l’horloge est bien plus creepy que ce à quoi nous a habitué le cinéma familial, sage pour ne pas dire débile, de ces dernières années. Visuellement aussi flashy et gélatineux que les versions cinéma de Chair de poule (c’est moins la faute de Jack Black que des effets spéciaux de qualité très inégale), le film offre tout de même quelques images propres à gentiment traumatiser nos chères têtes blondes, d’un Kyle MacLachlan revenu d’outre-tombe à l’armée d’automates à sa solde. Tout à coup, la présence d’Eli Roth derrière la caméra est bien moins étonnante, le sale gosse prenant un malin plaisir à retourner la magie de son (beau) manoir contre ses occupants. De plus, le réalisateur multiplie les easter eggs qui rappellent à lui les productions Amblin d’antan, sans toutefois s’en montrer digne.

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Jonathan Barnavelt (Jack Black) essaie la méthode Shining pour retrouver l’horloge.

Car Roth rappelle aussi de son passif de jeune maestro du gore son manque de subtilité et bien que La Prophétie de l’horloge contienne un charmant background très sombre, parfois élégamment évoqué (je vous laisse examiner le personnage de Cate Blanchett), il ne parvient jamais à l’adapter convenablement à sa légèreté de film familial. L’humour et la tristesse s’y mélangent aussi mal que l’eau et l’huile, et les acteurs en sont les victimes à force de ne plus savoir sur quel pied danser. Jack Black se voit contraint de réduire ses excentricités pour adopter des regards de tonton attendri, Cate Blanchett est toujours aussi foudroyante mais coincée dans le corsage étouffant de la sorcière stricte, et les gosses sont eux complètement paumés dans ces changements d’humeur. Résultat, la bizarrerie que voudrait revendiquer La Prophétie de l’horloge ressemble plutôt à de la caricature, Roth n’étant pas aussi à l’aise qu’il voudrait le laisser croire avec les conventions du genre.

BASTIEN MARIE


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