Blade Runner 2049

blade-runner-2049-poster-ryan-goslingFilm de science-fiction américain (2017) de Denis Villeneuve, avec Ryan Gosling, Ana de Armas, Robin Wright, Sylvia Hoeks, Mackenzie Davies, Jared Leto, Dave Bautista et Harrisold Ford – 2h43

Los Angeles, 2049. l’officier KD6.3-7 est un Blade Runner. Accomplissant sa besogne, il déniche le réplicant Sapper Morton et le « retire ». Mais cette élimination le plonge dans une enquête nébuleuse qui le confrontera à ses propres origines en le conduisant sur les traces d’un ancien Blade Runner porté disparu…

Projet de longue date, on sait que Ridley Scott travaille depuis une petite dizaine d’années sur une suite de Blade Runner qui devait alors former un tout avec Prometheus (liant la Tyrell Corp à la Weyland Yutani). Mais, préférant se concentrer sur ce revival Alien avec le calamiteux Covenant, le père Scott laisse les rennes à Denis Villeneuve, réalisateur assez prolifique qui ne manque pas de faire parler de lui, à défaut de faire l’unanimité. Aussi, moins d’un an après la sortie du bien souvent surestimé Premier Contact débarque donc sur nos écrans ce Blade Runner 2049 tant attendu et/ou redouté…

Verdict ? Bah il n’y en aura pas vraiment ici puisque, s’il faut bien reconnaître une chose à Blade Runner 2049, c’est que, à l’instar de son illustre modèle, il semble loin de se livrer pleinement dès son premier visionnage. Après, encore faut-il avoir la volonté d’y retourner… En effet, le film est loin d’être une partie de plaisir. Logiquement, Villeneuve échoue à soutenir la comparaison avec le monument originel, l’élève étant visiblement plus appliqué qu’inspiré. Certes, Blade Runner 2049 a ses fulgurances visuelles mais la photo du génial Roger Deakins se révèle finalement assez inégale, se perdant parfois dans la grisâtre, qui caractérisait déjà Premier Contact, quand ça n’est pas carrément la platitude pour certains intérieurs (le bureau de Robin Wright…), aux antipodes des inoubliables ambiances de Jordan Cronenweth. Deakins se prend ainsi une petite claque lorsqu’un plan de l’original (et son incomparable charme rétro) est montré avant d’être reproduit dans ce nouveau Blade Runner… Rude comparaison… Si le chef op’, pas toujours aidé il faut bien le dire par le découpage de Villeneuve, montre malgré tout son génie à de nombreuses reprises, on a en revanche plus de doute en ce qui concerne Hans Zimmer qui se contente souvent de faire du bruit avec la musique de Vangelis. Vous l’aurez compris, difficile dès lors de retrouver le spleen de Blade Runner.

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Ryan Gosling, plus à une branlée à près…

Cette suite est surtout glaciale, aussi impassible que le détective (dés)incarné par Ryan Gosling, ce qui peut avoir son petit effet, le Droopy du cinéma américain (à quand un Woody Allen ?!) étant devenu un spécialiste du genre. Certes, cette austérité (par toujours hyper cool pour nous, pauvres spectateurs…) fait que la révélation par l’émotion qui cloue ce (long) spectacle n’en est que plus saisissante mais paradoxalement, cette émotion liée au souvenir (belle idée offrant un nouveau point de vue sur une intrigue qui serait donc volontairement chiante…) souffre cruellement de l’absence de la mélancolie qui faisait aussi la puissance de Blade Runner. Plus encore qu’un Christopher Nolan qui, conscient de cette limite, s’était justement posé sur cette problématique avec Interstellar, Villeneuve se perd dans son approche intellectualisante et semble bien en difficulté lorsqu’il s’agit de susciter l’émotion pourtant appelée par le scénario d’Hampton Fancher. Aussi, la romance de l’officier K (« agent K » étant déjà pris…) s’apparente surtout à une sorte de remake désincarné de Her, souffrant là aussi de la comparaison. Néanmoins, et même si elle ne s’intègre jamais parfaitement au reste de l’intrigue, elle reste plus que bienvenue, élargissant les questionnements aux IA immatérielles et nous gratifiant de quelques belles séquences aux troublants effets.

Il faut quand même le préciser, Blade Runner 2049 présente tout un tas de bonnes idées, aussi bien visuelles que dans ce qu’il raconte. Ainsi, la quête identitaire de l’officier K a de quoi passionner et, si l’idée de suite n’est pas forcément mauvaise en soit, le film pêche certainement a trop vouloir se placer dans la continuité de son prédécesseur (alors qu’il présente pourtant une esthétique souvent très différente), du plan d’ouverture, premier d’une longue série de clins d’oeil fétichistes (mention spéciale à la publicité Atari !), à la visite de tous les personnages encore vivant à la fin du premier. C’est Edward James Olmos qui ouvre le bal et c’est un crève cœur de retrouver l’iconique Gaff ainsi démystifié. Enfin, pourquoi pas… Il en ira malheureusement aussi de même pour papy Ford, toujours enclin à reprendre un de ses rôles cultes sans se forcer (Air Force Two pour l’été 2019 ?). Qu’importe, les auteurs n’allant pas juste qu’au crime de lèse-majesté en révélant la vraie nature de Deckard, s’en amusant au détour d’une réplique sur un vieux cabot, ils n’ont pas non plus grand chose à raconter avec ce personnage. Quand à la réplicante Rachel, sa courte apparition marque une nouvelle prouesse en motion capture s’inscrivant dans l’obsession de Villeneuve pour les hologrammes tout au long du film. Forcément, ça résonne un peu tragiquement quand on repense à la carrière de Sean Young…

Après les larmes dans la pluie, c’est une nouvelle métaphore météorologique qui conclut le film avec les flocons de neige, apparemment semblables mais en réalité tous uniques. Paradoxalement, c’est évidemment le chef d’oeuvre de Ridley Scott qui restera dans les mémoires. Mais bon, Scott n’étant plus vraiment à ce niveau d’excellence, on peut se dire qu’on a surement échappé au pire et se consoler devant ce long polar cyberpunk pétri de bonnes intentions, parfois magnifique, malheureusement un peu chiant. Mais si Villeneuve surnage au dessus du tout venant hollywoodien (récemment le pénible Ghost in the Shell…), il s’agirait qu’on comprenne enfin où il veut en venir !

CLEMENT MARIE

Autre film de Denis Villeneuve sur le Super Marie Blog : Premier Contact (2016)

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3 réflexions sur “Blade Runner 2049

      1. En effet, l’uppercut a agit pendant et après. Je suis resté scotché par ce traitement sur la forme et le fond.

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