Lifeforce Film de science-fiction britannique/américain (1985) de Tobe Hooper, avec Steve Railsback, Peter Firth, Frank Finlay, Patrick Stewart et Mathilda May – 1h56
Recueillie par le vaisseau Churchill, une race de vampires extraterrestres débarque à Londres et met la ville à feu et à sang…
Hommage tardif à Tobe Hooper non pas avec son chef-d’œuvre Massacre à la tronçonneuse (que j’ai quand même rematté religieusement mais ce serait réduire son auteur à un one hit wonder) mais avec Lifeforce qui se trouvait sur Netflix (ce qui tuerait le maître une seconde fois pour les détracteurs du site). C’est la première collaboration de Hooper avec la Cannon avant les bordéliques mais attachants L’Invasion vient de Mars (1986) et Massacre à la tronçonneuse 2 (1986), et le réalisateur soutiendra mordicus que Menahem Golan et Yoram Globus lui laissait une grande liberté. Lifeforce convoquait en tous cas un certain nombre de talents au générique : Hooper donc, mais aussi Dan O’Bannon au script (d’où la variation d’Alien en début de film), Henry Mancini au score (corrigé par les synthés de Michael Kamen) et John Dykstra aux effets spéciaux (primés à Sitges à l’époque et qui tiennent encore le coup aujourd’hui).
Plus incroyable encore que cette assemblée de talents, c’est le film gonzo qui en ressort, Menahem Golan les emportant dans un ouragan de delirium tremens ! Ça commence soft avec des acteurs mimant péniblement l’apesanteur, mais ça ne tarde pas à partir en cacahuète une fois le pied posé sur Terre, comme un Quatermass sous coke bon marché ! Le concept de vampires extraterrestres extraits de la comète de Halley (déjà assez perché, vous en conviendrez) ne cesse de s’encombrer de nouvelles règles à chaque minute de film, comme une accumulation de post-it de Golan transposés tels quels à l’écran, et finit par exploser en nombre de péripéties presque indépendantes les unes des autres.

Télépathie, schizophrénie, absorption d’énergie, incinération express, zombies, vampires : les personnages de Lifeforce passent par tous les états possibles et imaginables autorisés par sa SF militaro-fantastique et par le carnet de chèques de la Cannon. Le spectateur ne saurait plus où donner de la tête si une actrice n’apportait pas un peu de stabilité à l’ensemble : Mathilda May qui s’obstine à ne pas s’habiller pendant tout le film. Dans l’une de ses premières apparitions à l’écran (ce qui, en anglais, se dit introducing et laisse rêveur), la Mathilda devient l’Aphrodite du délire aphrodisiaque, l’icône sublime d’un film qui, s’attachant tant à sa parfaite nudité, se révèle autant tapageur que naïf pour le plus grand plaisir du spectateur damné.
BASTIEN MARIE
Autre film de Tobe Hooper sur le Super Marie Blog : Robe de sang (1990)