Yocho Film de science-fiction japonais (2017) de Kiyoshi Kurosawa, avec Kaho, Shôta Sometani et Masahiro Higashide – 2h20
Etsuko perçoit des changements dans son entourage, son mari, son patron, sa collègue n’étant plus tout à fait les mêmes. Des comportements étranges qui pourraient avoir un rapport avec l’arrivée d’un nouveau médecin dans l’hôpital où travaille son mari…
L’ami Kiyoshi Kurosawa s’est tellement éclaté sur Avant que nous disparaissions qu’il a décidé d’en sortir un remake six mois plus tard ! Du moins, c’est l’impression que ça donne chez nous puisqu’au Japon, cette nouvelle adaptation de la même pièce de théâtre de Tomohiro Maekawa est en fait une mini-série de cinq épisodes, coécrite avec Hiroshi Takahashi, auteur des scripts des Ring de Hideo Nakata. En-dehors de ses frontières, Invasion a été remonté en un long-métrage de 2h20, sorti discrètement dans nos salles. Et forcément, le film semblera redondant pour ceux qui auront vu le précédent…
Pour ces deniers, Invasion ne sera donc qu’une variation de son prédécesseur, mais en moins bien. Remontage oblige, le rythme en souffre, accélérant et décélérant constamment. Hormis peut-être avec le personnage alien de Masahiro Higashide, surtout dans ses confrontations avec les forces de l’ordre, l’humour d’Avant que nous disparaissions a bien disparu. Invasion se veut sombre et angoissant, comme le rappelle avec emphase la musique. Il n’y est donc plus du tout question de varier les genres et surprendre le spectateur. Kurosawa s’en tient à une vision noire et pessimiste là où le précédent film se montrait ouvert jusque dans un dénouement inattendu. Dans sa forme cinéma, Invasion est donc un film bien mineur de son auteur.

En revanche, si vous n’avez jamais vu Avant que nous disparaissions, alors Invasion pourrait se révéler beaucoup plus efficace. Son concept est toujours aussi original et ample, sinon Kurosawa ne s’y serait pas repris à deux fois. Surtout qu’Invasion se montre enclin à l’expliciter un peu plus, se rendant du même coup peut-être plus accessible. Et puis l’invasion n’y est pas relatée dans le même ordre des événements, soignant un récit plus retors. Ici, la suspicion commence avec la collègue d’Etsuko, qu’on a privé du concept de famille, rendant son étrange comportement d’abord proche des films de fantômes de Kurosawa. Et il ne manque pas d’autres occasions, avec son coscénariste Hiroshi Takahashi, de renouer avec leurs origines dans l’horreur japonaise emblématique des années 90. Pour les néophytes, Invasion pourrait donc fonctionner à plein tube et devenir une porte d’entrée grande ouverte au cinéma de Kiyoshi Kurosawa. Ceux qui le connaissent déjà bien en revanche attendront patiemment son prochain projet.
BASTIEN MARIE
Autres films de Kiyoshi Kurosawa sur le Super Marie Blog : Le Secret de la chambre noire (2016) ; Creepy (2016) ; Avant que nous disparaissions (2017).