It Comes at Night

mv5bmjq3mda0oda2n15bml5banbnxkftztgwnzg0nzgwmji-_v1_sy1000_cr006761000_al_Film fantastique américain (2017) de Trey Edward Shults, avec Joel Edgerton, Kelvin Harrison Jr, Christopher Abbott, Carmen Ejogo et Riley Keough – 1h31

Paul, sa femme Sarah et son fils Travis vivent reclus dans leur maison au cœur de la forêt, alors qu’un mystérieux virus fait rage à l’extérieur. Une nuit, un intrus à la recherche de provisions fait irruption chez eux et, après réflexions, ils acceptent de l’accueillir avec sa femme et son fils…

It Comes at Night est le second film de Trey Edward Shults qui s’était fait remarquer à la Quinzaine des réalisateurs en 2015 avec Krisha, un film à tout petit budget qui racontait le retour d’une femme alcoolique dans sa famille pour Thanksgiving dans un style qu’on rapproche de celui de John Cassavetes. Pour ce nouveau film, Shults a trouvé un deal avec le distributeur de son premier effort A24, dont le catalogue compte déjà EnemyThe Witch et Green Room. On semble rester dans un même fantastique épuré avec It Comes at Night qui a pu s’offrir les services de l’excellent Joel Edgerton dans le rôle principal.

It Comes at Night montre une cohabitation en temps de crise entre des hommes se transformant en monstres sous l’effet d’une forte paranoïa. La peur de l’autre, le repli sur soi, l’auto-préservation de la cellule familiale quel qu’en soit le prix : voilà des thèmes bien à propos dans une Amérique fraîchement trumpisée. Un climat délétère que Trey Edward Shults, dans son état natal du Texas, a peut-être perçu un peu avant le reste du monde. C’est un propos intéressant mais je pourrais facilement le trouver dans vingt minutes d’un film de George A. Romero, avec une charge politique encore plus assumée. Or, c’est ce que nous propose It Comes at Night dans son intégralité, le film nous laissant donc sur notre faim. Certes, les acteurs sont impeccables, la mise en scène en Scope est bien assurée, quelques dialogues font mouche, mais tout cela ne suffit pas à en faire un sommet du genre.

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Pour se préparer à la fin du monde en espace confiné, Paul (Joel Edgerton) se serait bien inspiré du Kurt Russel de The Thing.

Non pas que Shults soit fainéant mais son It Comes at Night souffre de beaucoup d’insuffisances. Passée la mort du grand-père qui ouvre le film, la menace qui pèse sur la famille n’est pas du tout développée et laisse un peu trop le spectateur suggérer la gravité de la situation. Les principales occurrences fantastiques sont concentrées dans les cauchemars que fait Travis qui surgissent régulièrement dans l’action sans la faire avancer. Quelques très bonnes idées qui menacent la cohabitation des personnages (l’attirance de Travis pour la femme de l’intrus, un mensonge détecté par Paul) sont laissées en plan et manquent de faire basculer un scénario trop linéaire. Bref, It Comes at Night est une dilatation pas essentielle de l’éternel état de siège cher aux films de zombies (ou d’infection si vous préférez). Si sa mise en scène ample me donne quand même envie de surveiller ce que fera Shults à l’avenir, j’espère qu’elle sera mise au service de films plus étoffés.

BASTIEN MARIE


2 réflexions sur “It Comes at Night

  1. « l’attirance de Travis pour la femme de l’intrus », tiens, c’est marrant mais je suis totalement passée à côté pour le coup… Qu’est ce qui te fait dire ça ?
    J’ai beaucoup aimé l’ambiance pesante et anxiogène (principalement à cause du personnage de Joel)(clairement, t’as pas trop envie de l’inviter pour un barbecue le dimanche), mais bon… De là à dire que ce film me laissera un souvenir marquant, non. D’ici deux mois, je l’aurais très certainement oublié. Comme tu le signales dans ton billet, j’aurais apprécié un peu de développement autour de la « menace » évoquée parce que, pour le coup, l’ambiance minimaliste du truc ponctué des cauchemars de Travis laisse un arrière goût d’inachevé.

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    1. J’ai vu l’attirance de Travis dans la séquence où ils se retrouvent tous les deux dans la cuisine au milieu de la nuit : y a un plan insistant sur la poitrine de la nana. Ce qui à mon avis implique ensuite le rêve qu’il fait d’elle…

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