The Jane Doe Identity

mv5bzjk3mti3otitn2i3nc00n2iwlwjhytqtzti1zjjhotu1yzg2xkeyxkfqcgdeqxvymjg1mtu1nji-_v1_sy1000_cr007461000_al_The Autopsy of Jane Doe Film d’horreur américain (2016) d’André Øvredal, avec Emile Hirsch et Brian Cox – 1h39

Quand la police leur amène le corps immaculé d’une Jane Doe, soit une femme sans identité, Tommy Tilden et son fils Austin, médecins légistes, pensent que l’autopsie ne sera qu’une simple formalité. Mais au fur et à mesure de la nuit, plus ils examinent le corps, plus le mystère autour de la jeune femme s’épaissit…

Avec son premier film Troll Hunter (2010), le norvégien André Øvredal avait frappé fort avec un found footage particulièrement spectaculaire. Forcément, en inaugurant sa carrière sur un genre si en vogue, le réalisateur n’a ensuite eu que des propositions similaires, y compris de la part de gros studios. Bien décidé à revenir à du cinéma traditionnel, Øvredal a tout rejeté en bloc jusqu’à tomber sur un script idéal, et semblait l’avoir trouvé avec celui de The Autopsy of Jane Doe qui n’aurait pas dépareillé dans une anthologie télévisuelle à la Quatrième Dimension – malheureusement, c’est tombé en désuétude de nos jours… The Autopsy of Jane Doe est donc destiné au cinéma et c’est tant mieux : après un carton plein dans de nombreux festivals et toute une série de tweets élogieux venant de gars aussi sûrs que Guillermo Del Toro, Edgar Wright et Stephen King, The Autopsy of Jane Doe se pointe fièrement dans nos salles via Wild Bunch qui l’a affublé d’un titre « français » assez pathétique : j’ai déjà un problème avec les titres anglais remplacés par d’autres titres anglais, mais en plus qu’y avait-il de compliqué avec un mot transparent comme « autopsy » ?!

Ce retitrage peu pertinent reste heureusement le principal défaut de The Autopsy of Jane Doe puisque le reste est un remarquable film d’épouvante sans d’autre prétention que celle d’une rigueur devenue rare dans le genre. En faisant de ses protagonistes des médecins légistes, utilisés habituellement pour débloquer des impasses narratives en cinq minutes, André Øvredal trouve un univers forcément fertile pour le genre, lui permettant d’enfiler des images saignantes le plus naturellement du monde. Pas étonnant que Stephen King ait adhéré au film tant sa première partie concentre des éléments similaires à ses romans : la description précise d’un quotidien progressivement dévoré par le surnaturel, détails et anecdotes aussi drôles que morbides, personnages si attachants et si bien présentés qu’on redoute le danger qui pèse sur eux, etc. C’est bien simple : si The Autopsy of Jane Doe était une réelle adaptation du King, ce serait d’ores et déjà l’une des meilleures, Øvredal se sortant admirablement de cette dense matière narrative qui représente habituellement un frein à l’adaptation cinématographique du maître. Le réalisateur est si malicieux qu’il se permet même de faire un clin d’œil, bref mais à bon escient, au found footage qui l’a emprisonné. Et tout ça bien sûr avec une mise en scène au cordeau dont le Scope élégant n’est pas sans rappeler un autre maître de l’horreur, John Carpenter.

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Fritz Lang disait que le Scope n’était bon qu’à filmer des serpents et des cercueils ; naturellement, Ovredal trouve qu’il va bien aussi au cabinet de légistes.

Cependant, quand The Autopsy of Jane Doe bascule dans le fantastique pur et dur, le film est un peu moins séduisant, comme si Øvredal nous avait trop bien préparé à un cauchemar en-dessous des promesses. Choisissant de faire surgir le surnaturel lors d’une scène pivot (alors que j’aurais personnellement préféré une progression constante), The Autopsy of Jane Doe souffre de quelques poncifs qui gagnent le scénario et d’une mise en scène moins bien assurée. Toutefois, Emile Hirsch et Brian Cox (excusez du peu) restent jusqu’au bout excellents pour mener le spectateur par la main et, sans vous les dévoiler, les découvertes qu’ils font sont d’une réelle ampleur et finissent de faire du cadavre de Jane Doe un véritable personnage à part entière, jamais à bout de surprises. Et ça non plus, ce n’est pas une mince affaire ! Si The Autopsy of Jane Doe connaît donc quelques turbulences, il a tout de même de quoi nourrir bien des cauchemars et se dispute gentiment avec Get Out le prix du meilleur film d’horreur de l’année.

BASTIEN MARIE

Autre film d’André Øvredal sur le Super Marie Blog : Scary Stories (2019) ; Le Dernier Voyage du Demeter (2023)


2 réflexions sur “The Jane Doe Identity

  1. Tout à fait d’accord
    Et puis si edgar wright en parle alors ….Et pour info
    John Doe” ou “Jane Doe” sont les anonymes les plus célèbres des Etats-Unis. Leurs noms sont utilisés pour qualifier les personnes non-identifiées, comme “Monsieur Durand” ou  “Monsieur X” en France. D’où viennent-ils? C’est notre question bête de la semaine.

    C’est en 1768, en droit commun anglais, que le nom fait son apparition. C’est le juriste anglais Sir William Blackstone qui l’utilise dans Commentaries on the laws of England. Mais l’expression est sans doute plus ancienne. Paul Dickson dans son livre What’s In A Name? explique que “l’usage de John Doe date du règne du roi britannique Edouard III lors d’un débat juridique appelé “the Act of Ejectment”“.

    “John Doe” était en réalité un nom invente par les propriétaires terriens souhaitant faire expulser des squatteurs ou des preneurs de bail peu scrupuleux. Afin d’établir qu’ils étaient bien les propriétaires de la terre disputée, ils préféraient se présenter en justice en se posant comme les expulsés sous le nom de “John Doe” (alors que les accusés étaient nommés “Richard Roe”). L’instruction permettait ultérieurement d’établir qu’ils étaient bien les propriétaires du bien, ce qui les aidait par la suite à faire expulser leur locataire. Pourquoi cette ruse? Cette technique était plus rapide et simple que la procédure d’expulsion traditionnelle.

    Leur utilisation vient vraisemblablement du fait que “Doe” et “Roe” désignaient des animaux particulièrement répandus au XIVe siècle en Grande-Bretagne, en l’occurrence la biche et le chevreuil. John était alors le prénom le plus utilisé.

    En 1852, John Doe a été utilisé en Amérique du Nord pour désigner  “tout homme dont le nom n’est pas connu” alors que la Grande-Bretagne tend à en conserver l’usage juridique pour désigner le plaignant. Aux Etats-Unis, « Roe » apparait d’ailleurs dans l’arrêt fondateur de la cour suprême « Roe vs Wade ».

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    1. Ah, merci beaucoup pour cet éclaircissement ! Je te nomme officiellement « attachée juridique du Super Marie Blog » ! 🙂

      Et puis, je me plains du titre français mais si ça se trouve, au Québec, il s’appelle « L’Autopsie de Madame Durand »…

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